QUI ÉTAIT MARIA MONTESSORI ?

“Après la victoire de la femme doit venir la victoire de l’enfant.”

Voilà donc ce que déclarait Maria Montessori, phrase qui en dit déjà long sur le combat de sa vie qui n’est autre que le développement d’une méthode d’apprentissage alternative à celle proposée encore en vigueur. Aujourd’hui c’est plus de 22 000 écoles qui se basent sur cette pédagogie éducative dans le monde pour moins d’une centaine d'écoles Montessori en France. Nous voudrions donc nous pencher de plus près sur cette pédagogie mais surtout sur cette dame à la détermination inébranlable et sa passion pour l’éducation.

1) Enfance et éducation

Maria Montessori est né en 1870 en Italie non loin de la mer Adriatique dans le quartier de Chiaravalle. Elle naquit dans une famille bourgeoise avec un père comptable qui lui donnera tout au long de sa jeunesse une éducation très stricte. Chiaravalle étant un petit quartier sans réelle industrie ses parents décident de déménager à Rome en 1875 afin de lui permettre de suivre une éducation élémentaire de meilleure qualité.

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Rapidement Maria va alors développer au cours de son éducation scolaire un goût pour les mathématiques, mais également pour la cuisine dans une seconde mesure. Elle décidera sur cette base de devenir ingénieur au grand dam de son père qui lui destinait une carrière d’enseignante. Heureusement sa mère sera là pour la soutenir dans son projet mais très tôt, à l’âge de treize ans, elle devra faire face aux préjugés sociaux qui ne permettent pas aux femmes de s’orienter vers une voie scientifique.

À quatorze ans elle réussira à intégrer une école technique normalement réservée à la gente masculine dans laquelle elle se passionnera par la biologie et décida non plus de devenir ingénieur, mais médecin. Plus tard, en 1890 Maria réussira à s’inscrire à l’université en sciences naturelles contre le gré d’une partie de sa famille, notamment son père, mais également contre la volonté de l’éducation nationale. Pour cela elle dû faire appel au Pape en personne qui lui permit d'entamer des études scientifiques jusqu’alors réservé aux garçons. Ce passage sur la vie de Maria Montessori illustre bien la force de caractère qu’elle possédait et sa nature non-conformiste près à remettre en question et faire bouger les mœurs établis.

Au cours de ses études elle se révélera être une excellente élève bien meilleure que la grande partie de ses camarades de classe masculins. En 1894 elle entama une thèse sur la psychiatrie, précisément sur les hallucinations antagonistes, et intégrera pour ses travaux une clinique psychiatrique à Rome.

2) Ses premier pas dans la pédagogie

A. Le constat d’un cruel manque d’encadrement et de matériel pédagogique

Au sein de cette clinique psychiatrique dans laquelle se trouve des enfants avec des déficiences mentales, Maria Montessori va rapidement remarquer le manque d’activités proposées aux enfants par les éducateurs. De ce fait elle va être amenée à utiliser le matériel et les jouets pédagogiques développés par deux spécialistes français de l’éducation que sont Jean Itard et Édouard Seguin. Elle s’en servira pour observer les effets que peuvent avoir ces jouets sur les enfants et développera de cette façon une sorte de don pour l’observation sur les enfants et leur manière d’interagir avec leur environnement.

Au delà de ce don de l’observation que lui reconnaisse un grand nombre de directeurs d’écoles Montessori, Maria va surtout développer une réelle passion pour l’éducation. Au cours de son séjour dans cette clinique psychiatrique avec les enfants déficients mentalement elle va se rendre compte à quel point les jouets peuvent avoir un effet bénéfique sur le développement intellectuel des jeunes enfants, mais aussi et surtout sur leur propre épanouissement.

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B. L’émergence de sa méthode d’apprentissage Montessori

Désireuse d’avoir un impact plus large encore elle va peu à peu délaisser la psychiatrie pour se spécialiser dans la pédagogie de manière globale. Ses connaissances du corps humain qu’elle a acquise au cours de ses études en biologie, ses observations dans le milieu de la psychiatrie et sa culture philosophique vont alors lui permettre d’arriver dans le milieu de la pédagogie avec un profond recul scientifique et intellectuel sur la manière dont fonctionne les êtres humains.

Fidèle à sa nature anticonformiste Maria Montessori va alors décider de développer une méthode d’apprentissage totalement à contre courant de l’éducation scolaire classique. Celle-ci n’est pas destinée à élever le plus haut possible le QI des élèves et en faire des chiens savants mais bien de les rendre épanouis et de leur donner le goût de l’apprentissage. Sur cette base elle juge qu’un élève épanoui dans ce qu’il fait sera bien plus à même de se développer de façon constructive autant intellectuellement que socialement parlant.

3) Le développement de sa méthode d’apprentissage pédagogique

A. La première école Montessori

En 1907, Maria Montessori réussi à obtenir des locaux dans le quartier de San Lorenzo à Rome. Ce quartier est est un milieu défavorisé dans lequel on y retrouve de nombreux enfants plus ou moins rebelles qui passent la majorité de leur temps à dégrader leur milieu urbain ou à perdre leur temps. C’est ainsi une mise au défi qui est lancée à Maria et à sa méthode d’apprentissage novatrice pour redresser ces enfants et leur donner une chance de se remettre dans le droit chemin.

Cet endroit va être appelé “maison des enfants” mais il peut être considéré comme la première école Montessori dans laquelle Maria va structurer et développer en profondeur sa méthode d’apprentissage. Pour cela elle se basera sur ses connaissances acquises mais surtout sur l'observation qu’elle va faire des enfants et des interactions qu’ils auront avec leur environnement. Elle fera construire du mobilier adapté à la taille des enfants mais aussi des jouets différents en fonction de leur âge. L’objectif n’est pas d’imposer un environnement aux enfants et de leurs dire comment évoluer dedans, mais bien d’observer la manière dont les enfants évoluent et de voir quel environnement il pourrait être intelligent de construire pour qu’ils s’y développent et s’y épanouissent.

Pour donner un cas pratique, Maria Montessori remarqua par exemple au cours de ses observations que les enfants en bas âge avaient du mal à saisir un crayon correctement et gribouillaient avec le crayon saisi en point fermé. Elle comprit que cela était dû au fait que les enfants avaient du mal à toucher l’extrémité de leur pouce avec chacun de leurs doigts. Pour régler ce “problème” elle fit construire des pinces plus ou moins molles en fonction de l’âge qui permettaient aux enfants de muscler leurs doigts et ainsi de réussir à dessiner et écrire plus rapidement.

B. Peu d’enseignement chez les enfants mais beaucoup pour les éducateurs

La méthode d’enseignement de Maria se basant énormément sur l’autonomie des enfants et leur faculté à apprendre d’eux-mêmes, mais également à s'entraider mutuellement. Très peu d’enseignement direct leur sera fourni. Ce sont davantage les outils pédagogiques mit à leur disposition qui leur permettront de se construire une éducation scolaire, mais également musicale et artistique. 

Les éducateurs présents au sein des maisons de jeunes que Maria commencera à former en 1906 seront en réalité plus des acteurs passifs que de réels piliers pour l’éducation des enfants. Ils servent davantage à observer comment évoluent les enfants dans cet environnement qui est en réalité assez proche de celui de la maison avec des jouets et un cadre de vie ludique. Ce qui permet par ailleurs de briser la frontière entre la maison et l’école ce qui incite les enfants à continuer leur apprentissage à la maison de façon volontaire. Ces éducateurs sont donc présents à titre de référents dans le cas où les enfants auraient une question particulière ou besoin d’aide, mais dans presque aucun cas ce sont à eux d’aller vers les enfants pour leur expliquer comment faire ceci ou cela.

C. Les interventions de Maria Montessori à l’international

Après avoir récupéré son fils âgé alors de douze ans au décès de sa mère en 1910, Maria Montessori ne tardera pas à déménager avec lui en Amérique où elle sera souvent sollicitée pour parler de sa méthode d’apprentissage mêlant éducation et épanouissement. À partir de 1913 elle donnera des conférences sur le sujet et formera de nombreux éducateurs pédagogiques sous la forme d’un stage d’une semaine donné dans le collège pour enseignants qu’elle même à créer. Les preuves de sa façon novatrice d’enseigner aux élèves commencent à faire parler à tel point que des organisations caritatives et des associations la sollicitent pour intégrer dans leur ville des maisons de jeunes semblables à celle créée initialement dans le quartier de San Lorenzo à Rome.

D. La fondation de l’Association Montessori internationale

Après avoir participé activement aux échanges de la Ligue internationale pour l'Éducation Nouvelle de 1921 à 1931 qui rassemble de nombreux outsiders en ce qui tient à l’éducation, où elle présentera ses travaux qu’elle va pouvoir croiser et compléter avec ceux d’autres pédagogues comme Adolphe Ferrière, John Dewey et Roger Cousinet, Maria Montessori va créer en 1929 l’Association Montessori internationale. Cette association à pour but premier de populariser cette nouvelle méthode d’éducation pratique afin d’en faire profiter un maximum d’enfants, mais également de faire en sorte que ses travaux continuent d’être développés après sa mort et que toutes ses années d’études ne tombent pas dans l’oubli avec elle.

Tout au long de sa vie elle continuera à perfectionner sa méthode d’apprentissage Montessori et donner des conférences partout dans le monde comme celle en Inde de 1939. Elle décédera en 1952 à l’âge de 81. Son fils Mario reprendra alors la suite de la direction de l’Association Montessori internationale jusqu’à sa propre mort en 1982. Ce sera finalement sa petite fille, Renilde Montessori qui reprendra le flambeau de la branche nord-américaine de l’association et sera également l’auteur du livre Éducateurs sans frontières.

E. Que devient la méthode Montessori aujourd’hui ?

Aujourd’hui encore les travaux de Maria Montessori continuent d’être développés et des écoles voient le jour, mais ses travaux sont encore malheureusement trop peu pris au sérieux pour être intégrés dans un programme officiel de l’éducation nationale. Par conséquent, les parents désireux d’inscrire leur enfant dans une telle école devront dépenser à leurs propres frais plusieurs milliers d’euros chaque année.

Les neurosciences qui se développent elles aussi de manière bien plus concrète qu’au XXème siècle viennent jusqu’à présent confirmer et approuver scientifiquement la manière dont Maria Montessori à construit sa méthode pédagogique sur une évolution autonome des enfants dans un environnement propice à l’éducation intellectuelle. Parmi celle-ci on y retrouve notamment un discrédit sur le quotient intellectuel jusqu’alors tant prôné qui était censé déterminer “l'intelligence” d’une personne et/ou d’un élève. Voici donc comment le docteur en neuroscience Idriss Aberkane l’explique de manière véridique dans la vidéo que vous trouverez juste en dessous.